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25.11.2015

Un petit tour grec

25.11.2015 -
Les dieux de l'Olympe n'en finissent pas de pleurer sur Athènes au lendemain des élections. La grisaille du ciel est semblable à celle de Paris en novembre. Chaussés de nos sandales d'été, nous tentons vainement d'éviter les flaques sur les trottoirs défoncés.

Un petit tour grec

Michel David et Florence Corbier de la confédération paysanne de l'Aude ainsi que Jean et Mireille Azan des Amis de la Conf. de Paris sont allés à le rencontre des paysans grecs durent une dizaine de jours. Récit de leur voyage.

 

Les dieux de l'Olympe n'en finissent pas de pleurer sur Athènes au lendemain des élections. La grisaille du ciel est semblable à celle de Paris en novembre. Chaussés de nos sandales d'été, nous tentons vainement d'éviter les flaques sur les trottoirs défoncés. A l'identique, dans le quartier populaire où, démagogie oblige, siège Syriza, l'enthousiasme n'est plus au rendez-vous. La vague d'espoir suscitée par l'arrivée de Tsipras au pouvoir en janvier dernier s'est mue en sentiment de colère, de résignation ou de désespérance. Ceux qui ne se sont pas abstenus, avouent à présent voter seulement pour le moins pire.

Nous sommes venus en Grèce à la rencontre de nos homologues paysans. Voir ceux qui résistent au sein de la petite agriculture et ceux qui ont fait nouvellement le choix de s'installer pour défier la crise. Toutefois, il nous est impossible d'appréhender leur situation sans au préalable essayer de comprendre la crise-dette qui colle au pays comme la moiteur d'une fièvre incurable. Peut-être ensuite pourrons nous alors interroger la Pythie sur l'avenir de cette ruralité.

 

Petit voyage au pays de la crise-dette

Les grecs ont vécu au dessus de leur moyens sans compenser leurs dépenses inconsidérés par le paiement de l'impôt. Les voici ruinés, condamnés à faire les poubelles à la fois victimes et coupables de leur inconséquence. « Vous dépensiez ? Nous en sommes fort aise : et bien payez maintenant. » Heureusement, l'Europe et le monde dans leur grande mansuétude ont mis en place des « plans de sauvetage » concoctés par la troïka qui rassemble le FMI, la BCE et la Commission européenne. En compensation de son aide, la troïka demande évidemment aux grecs de faire un petit effort pour commencer à rembourser leur dette. Ces sacrifices étant très précisément énoncés dans les mémorandums accompagnant « les plans de sauvetage ». Cela s 'appelle la politique d'austérité. Voici résumé en quelques mots, ce qui transpirent des médias « mainstream ».

Et si la vérité était tout autre que celle assénée en boucle ?

La dette, un mot qui fâche !

Tout d'abord lorsqu'on arrive en Grèce, on ne voit pas la crise. En ce début d'automne les touristes encore nombreux se mêlent à une foule de jeunes qui enchantent les terrasses de café de leurs éclats de rire. Et de Kardista, petite commune perdue au pied du massif du Pinde qui culmine à plus de 2600 mètres, jusqu'aux villes côtières, les rues sont animées jusqu'à tard dans la soirée et les vitrines de vêtements de mode illuminent les trottoirs. A Athènes, au marché des halles se succèdent sur les étales des kyrielles de poissons argentés, des quartiers de bêtes découpés devant les clients sur des billots de bois, des amoncellements d'épices et d'olives gorgées de soleil, une pléthore de légumes et de fruits aux effluves suaves. Fêta, moussaka et odeurs grillées de souvlakis font fi des images des grecs privés de tout ou des longues files d'attentes pour quelque pécule.

La résistance à la crise s'est parée de ses plus beaux atouts : la dignité d'une part, les grecs ne font pas les poubelles et la solidarité d'autre part, un seul revenu peut faire vivre désormais toute une famille.

Non, la crise est plus profonde, plus sournoise. Peut-être se révèle t-elle par ses vielles maisons délabrées dans les plus beaux quartiers d'Athènes ou au pied de l 'Acropole que plus personnes ne restaurent, ses graffitis sur les bâtiments publics jamais effacés ou ses magasins de solidarités alimentaires qui se multiplient au profit des plus démunis. Mais surtout, elle se manifeste par cette récession exponentielle de tous les pans de l'économie. Le pays serait-il donc devenu si pauvre qu'il en est réduit à mendier toujours plus d'aides ?

C'est au parlement grec que nous trouverons des éléments de réponse. Nous voici invités, à la présentation publique du rapport préliminaire de la commission parlementaire sur « la Vérité de la dette grecque » par Eric toussaint, son coordinateur scientifique. Audit initié par la très courageuse présidente du parlement Zoé Konstantopoulou..

La commission après analyse par des experts internationaux des documents concernant la dette a défini celle-ci comme étant « illégitime », « illégale », « odieuse » et « insoutenable ». Il va sans dire, que cette commission a subi d'énormes pressions, menaces et rétention de preuves de la part de ceux-mêmes qui avaient intérêt à cacher la vérité.

Dans les faits, la Grèce n'était pas plus endettée que les autres pays de l'Union, plutôt moins. Mais par le truchement d'un gouvernement vendu au grand capital et par la falsification de divers statistiques, le secteur bancaire parvint à faire croire à ce sur-endettement. L'escroquerie fut de transférer la faillite bancaire de 2009 sur la dette souveraine, payable alors par le peuple. Par un système de recapitalisation des banques par l'Etat, la dette est devenue publique. Les deux seules causes imputables éventuellement à la Grèce étaient un problème de fiscalité et des dépenses d'armement excessives. Mais là encore, il a s'agit d'une part d'évasions fiscales et de fuites de capitaux illicites notamment de sociétés étrangères et non pas de la resquille du peuple grec face à l'impôt et d'autre part de contrats d'armements signés sans transparence. Ces dépenses militaires intéressant l'OTAN par la position stratégique de la Grèce auraient pu tout aussi bien être pris en charge par l'ensemble des pays de l'UE*.

Cette crise de la dette fomentée par les « banksters » a des conséquences dramatiques.

La Grèce a perdu sa souveraineté. Les conventions ont été signées sans aucun respect de sa Constitution. Les créanciers ont par ailleurs choisi l'application de droit anglais afin de détourner plus facilement celle-ci. Certains parlent à juste titre de coup d'Etat technocratique. Tous les traités européens ou internationaux concernant les droits humains élémentaires (logement, santé...) ont été violés. Le FMI lui-même avoue ne pas avoir respecté sa propre législation. De là s'en est suivi une grande récession depuis 2010 aggravée par chaque nouveau plan de « sauvetage ». Ceux-ci alourdissent toujours plus la dette avec des profits toujours plus importants pour la BCE et les banques étrangères. La Grèce s'est retrouvée dans l'obligation de dilapider son patrimoine et de vendre ses entreprises publiques. Tous les secteurs de l'économie ont été touchés. Toutefois l'agriculture a été relativement épargnée par les deux premiers mémorandums. Comme dans toute l'Europe, l'agriculture paysanne tend à décroître au profit de l'agro industrie mais au final à un rythme proportionnellement moins rapide que celle des PME. Voir, elle attire en cette période de crise.

 

Quand les paysans défient la crise

En 2013 Dimitris Georgulas finit ses études à Athènes. Plutôt que de subir le chômage comme 69 % des jeunes grecs, il prévoit de rejoindre son père dans son village natal à Ellinopyrgos pour devenir apiculteur. C'est un petit article trouvé dans le journal La Croix de l'époque qui relate son projet. Muni de cet extrait de journal nous partons sur les traces de Dimitris. Qu'est-il devenu ? Lorsque nous arrivons par une route tortueuse de montagne au village, nous découvrons deux cafés qui se tutoient à l'entrée de la place. A chacune des terrasses bavardent des retraités plus ou moins âgés. Comme dans tous les cafés, ma foi, on y parle du temps, des uns, des autres et de la trahison de Syriza. A notre arrivée c'est le silence des deux côtés. Des étrangers il en passe peu par ici. Puis une matrone nous fait signe. Personne ne parle ni français ni anglais, juste trois mots d'allemand. Pourtant, on ne les aime pas beaucoup les allemands, en Grèce. Nous montrons notre petit article illustré par la photo du père de Dimitris. Ce sera l'étincelle d'une série de rencontres extraordinaires au cœur du monde paysan comme on l' aime.

En moins d'une demi-heure, tout un réseau de solidarité nous offre tous les contacts utiles et un traducteur. Nous ne pouvons qu'apprécier l'hospitalité et la gentillesse du peuple grec. Dimitris et son père nous accueillent avec un large sourire sur leurs terres. Le fils a réussi son installation. De sa passion, il a fait sa profession. Vignes, châtaigniers, oliviers et rucher visité par l'ours dernièrement malgré les rangs de barbelés, sont soignés avec amour. Dimitris n'a pas fait fortune mais il est heureux. Sa vie est sans commune mesure avec ceux des villes qui déclarent à 85 % avoir envi de revenir à la campagne. Nous quittons nos amis à regrets les bras emplis de raisins, de pots de miel et de bouteilles de tsipouro, car notre carnet d'adresses vient de se remplir. Nous avons rendez-vous avec un autre Dimitris, professeur-chercheur à l'université de Volos : Dimitris Goussios. Il est directeur du Laboratoire de l'Espace Rural et suit de très près ce qui se passe à Ellynopyrgos ainsi que dans toute la Thessalie en matière d'agriculture paysanne qu'il nomme souvent agriculture familiale. Son objectif est de développer l'espace rural plus spécialement en zone de montagne et en zone défavorisée en apportant de la valeur ajoutée à cette petite agriculture. Pour cela Dimitris Goussios travaille sur la création de liens entre la spécificité géographiques des territoires, le savoir faire ancestral et les nouvelles technologies. Son français est parfait. Pas seulement grâce à ses études faites en France mais parce qu'il est d'origine latinophone. Oui, de ces montagnes là haut, où sa grand mère parlait cette langue oubliée. Et les bergers, il les comprend car c'est avant tout un homme de terrain. Les discours universitaires l'ennuie. Et quand il a accroché des GPS au cou de leurs brebis pour étudier les endroits où elles allaient pâturer et leur a dit qu'ils avaient les meilleures brebis du monde sur ce territoire spécifique, ils lui ont fait confiance. D'ailleurs aujourd'hui, Nikos Bantavikas berger du village de Klinovos à 900 m d'altitude est fier de nous montrer ses animaux. Il y a trois ans il se lamentait de ne pas avoir de lacaune comme lui conseillaient les instances agricoles. Le travail du Laboratoire ne s'arrête pas là , il accompagne tout le processus de la production à la commercialisation en passant par la transformation. Il intègre tous les acteurs de la filière en respectant le rythme et l'autonomie de chacun. C'est en ce sens qu'il participe par exemple au projet Lactimed. Ce projet tend à développer la coopération transfrontalière pour valoriser les produits laitiers méditerranéens. Nous sommes d'ailleurs invités à suivre pendant quelques jours un voyage d'échanges de savoir -faire et de rencontres entre producteurs des cinq pays pilotes de ce projet : le Liban la Sicile, la Tunisie, l'Egypte et la Grèce. La première journée se déroule dans la fromagerie familiale de Dimitris Arvanitis à Kalabaka face au site des Météores. Celui-ci rêve en fait, de laisser l'affaire à ses enfants et d'aller élever des vaches en montagne. Des limousines sans doute, la race toujours citée en Grèce. Chaque participant est invité à fabriquer ses fromages selon les recettes de sa région pour une dégustation publique le lendemain à Larissa. Le projet Lactimed vise à mettre en valeur le patrimoine pastoral et l'élevage extensif pour une production capable d'être concurrente par sa qualité sur les marchés locaux mais aussi internationaux.

Malgré la crise en Grèce les petits fromagers associés à celui-ci ont pu ainsi multiplier par deux le prix de leur produits. Ils se sentent mieux armés pour résister à des projets génocidaires comme le TAFTA.

Tous les candidats à l'installation ne bénéficient pas de ce soutien. Toutefois, pour un certain nombre d'entre eux, revenir à la campagne a été salutaire. Dans la plupart des familles on a gardé le bout de terrain du grand père et cela permet aujourd'hui de se lancer dans des cultures spécifiques. Nikoléas Poutsiakas. est élu vert à la région. Son souci du moment à lui, est un projet de barrage quasiment achevé sur la rivière Acheloos à Messohora. Officiellement pour l'irrigation de la riche plaine agricole de Thessalie mais pour ses opposants ce n'est qu'une histoire de gros sous. Il nous montre les vastes champs de coton. Culture certes très consommatrice en eau et en pesticides mais qui a eu son heure de gloire. « Le coton était doublement subventionné. A présent c'est fini et par chance on voit réapparaitre des cultures vivrières comme le haricot » nous dit-il. Seule une variété particulière de coton, endémique à la Grèce et peu consommatrice d'intrants pourrait avoir un nouvel avenir suite à l'intérêt porté par des entrepreneurs indiens. Avant l'Europe, la Grèce était auto-suffisante pour la majorité des cultures. Désormais elle doit importer. La concurrence est sévère car les coûts de production sont élevés. En effet les exploitations sont petites, moins de 5 hectares en moyenne et la corruption a entaché l'image des coopératives ou de toute organisation officielle. Ceux qui résistent ou qui s'installent doivent avoir des produits à forte valeur ajoutée. Nikos nous présente quelques-uns de ses voisins. Kostas Montziaris lui a choisi, il y a vingt ans déjà, de venir cultiver une vigne bio sur les terres familiales après avoir fait mat sup en France et travaillé ensuite dans la rénovation de bâtiments anciens dont 15 ans au château de Chambort. Il vinifie et distille sur la propriété et complète ses revenus par quelques oliviers et des tomates sous serre qu'il traite avec avec bacillus therengienus. Ingénieux, il met tout son talent dans l'invention de matériel pour faciliter son travail, jusqu'au petit siège roulant pivotant pour vendanger assis sans effort. Ses yeux pétillent de sympathie et sa verve n'a d'égale que son humour qu'il décline en une multitude d'anecdotes croustillantes sur son parcours. Quant à Meni Chatzipanagiotou, elle a quitté une belle situation bien avant la crise, pour monter une petite fabrique de savons. Tous ses produits sont à base d'huile d'olive et de plantes biologiques aux vertus médicinales ou cosmétiques. Son idéologie était au départ l' autosuffisance alimentaire pour sa famille en cultivant son potager et ses plantes. Sa véritable installation ne fut qu'une extension de sa production personnelle. Si Meni résiste à la crise c'est grâce à tout son réseau de clientèle élaboré au fil des ans et la qualité de ses produits vendus sur internet et les marchés.

Les agriculteurs ayant ainsi un niveau d'études supérieurs ne sont pas rares. Le gouvernement lui-même en 2013 se vantait par l'intermédiaire de son ministre de l'agriculture Athanssios Tsaftaris d'un programme d'aide au retour à la terre ayant bénéficié à 20 000 grecs. « Au citadin désireux de devenir agriculteur, nous donnons de la terre appartenant à l'Etat » disait-il dans un interview pour Econostrum. L'objectif est de miser sur la qualité des produits et de favoriser de ce fait l'exportation mais aussi l'agrotourisme à travers le local et la gastronomie. Autant d'initiatives intéressantes pour pallier au vieillissement de la population agricole.

Au total, le nombre d'agriculteurs n'a toutefois pas cessé de décroître comme dans tous les pays européens mais cette possibilité de s'installer comme solution à la crise en a séduit plus d'un. En conséquence, les paysans sont apparus comme des privilégiés en cette période de privation.

Interrogeons la Pythie sur leur avenir.

 

Les paysans, la nouvelle cible de la Troîka

 

Ce très relatif privilège des agriculteurs risquent de ne pas durer très longtemps.

Après avoir asservi tous les secteurs de l'économie, le troisième mémorandum signé, à la veille de sa démission, par Tsipras avec la Troîka, s'attaque à l'agriculture paysanne par une multitude de mesures lapidaires.

Dimitris Kodellas est un député démissionnaire de Syriza. Il est dépité. Tsipras n'a pas respecté le résultat du référendum, c'était pourtant un tremplin pour s'opposer aux créanciers. Il nous reçoit dans son nouveau local et nous explique avec son associé Errikos Finalis à « quelle sauce » les agriculteurs vont être dévorés par l'appétit gargantuesque des créanciers.

Déjà au préalable Syriza avait prévu diverses mesures pour aider l'installation des jeunes qui n'ont jamais vu le jour. Si quelques promesses ont été tenues, le bilan est bien loin de l'espérance des grecs.

Epargnés pendant longtemps, les petits paysans devront payer des impôts fonciers sur leurs terres, l'ENFIA. Il n'y aura plus d'exonération. La TVA va passer de 13% à 23% pour tous les intrants : engrais, nourriture pour les animaux etc..

Tous devrons désormais avoir une comptabilité. Et de nouveaux règlements obligent les paysans dans ce sens. Par exemples les petits producteurs de tomates ne pourront plus apporter eux-mêmes leurs récoltes aux grossistes. Ils devront faire appel à une société intermédiaire.

Ils paieront des impôts sur le revenu dès le premier euro gagné soit 20 % en 2016 et 26 % en 2017.

Oui, sur 100 euros gagnés 26 seront dus à l'Etat pour payer la dette ! Ces taxes sur le revenu seront payables à l'avance. De plus la sécurité sociale agricole actuellement de 650 à 700 euros par an en moyenne risque d'être multipliée par deux ou trois. Les taxes sur le fuel et l'électricité agricole vont augmenter. Autant de mesures qui vont toucher les petits paysans dont les coûts de production étaient déjà élevés par les conditions spécifiques d'exploitations comme le morcellement des terres.

Le but ultime étant ainsi de favoriser l'agriculture industrielle. Un aperçu significatif : la date de péremption du lait frais vient comme par enchantement d'être prolongée de 5 jours ce qui de toute évidence n'a d'autre objectif que de permettre les importations de lait frais au détriment des producteurs grecs.

L'OCDE a d'ailleurs prévu un plan pour « reconstruire » l'agriculture grecque en concentrant au maximum les outils de production ou de transformation. Par exemple, les petits pressoirs familiaux à huile d'olive doivent disparaître. Il est prévu très rapidement qu'il n'y ai plus que 3 gros pressoirs dont deux en Grèce et un en Crête.

Or il existe peu de mouvements syndicalistes pour s'opposer à cette politique, d'autant que les chambres d'agriculture n'existent pas en Grèce. C'est la chambre de l'industrie et du commerce qui s'occupe de cette filière. Il n'est pas difficile de comprendre l'orientation de celle-ci, tournée vers la compétitivité et l'exportation au détriment des marchés locaux.

Par ailleurs , la banque agricole d'Etat a été bradée pour une somme ridicule au profit de la banque privée du Pirée. Or, il faut savoir que la majorité des paysans avaient à une certaine époque hypothéqué leur terres pour obtenir des prêts. Cette banque vient donc d'acquérir la majorité des terres agricoles de ces exploitants endettés . Elle leur impose de vendre à la grande distribution et menace de leur prendre leurs terres. Une véritable épée Damocles au dessus de leur tête.

La loi la plus scélérate est certainement celle qui au nom de la lutte contre contre le travail au noir interdit la solidarité entre paysans. Un agriculteur qui irait labourer le champs de son voisin gratuitement car celui-ci a un problème, risquerait 10 000 euros d'amende. Là on touche au cœur de ce qui fait la force de la Grèce. C'est la solidarité et l'entraide qui nourrissent encore ce pays. Quid alors de toutes les entreprises pour aider les plus démunis qui font appel aux bonnes volontés et aux échanges souvent non-marchands. Le « mouvement des patates » fut le début d'un grand élan pour pour assurer la sécurité alimentaire. Depuis une multitude d'initiatives ont vu le jour pour coordonner les besoins alimentaires directement avec les producteurs . Christos Giovanopoulos de « Solidarité pour tous » tente de fédérer et d'aider tous ces mouvements. Son association organise des groupes de consommateurs style AMAP à la fois pour baisser les coûts et trouver des débouchés directes aux petits agriculteurs. Des fermes collectives commencent à voir le jour. Tonia Katerini s'occupe d'une de ces petites alimentations solidaires à Athènes. Ces magasins solidaires ont choisi de travailler avec des petits producteurs de préférence bio ou local. Or cette volonté de retrouver la souveraineté alimentaire est largement compromise par ce troisième mémorandum. C'est une véritable déstructuration profonde de la société, une atteinte à ses valeurs.

Plusieurs manifestations agricoles ont eu lieu mais elles se sont heurtées à la police anti émeute et il semble bien que la liberté d'expression se réduise ici aussi comme peau de chagrin.

 

Cette véritable conspiration contre la Grèce est le moyen ultime du néo-libéralisme pour s'emparer des richesses de la Grèce. Mines d'or, réserves de pétrole dans la mer Egée, ressources naturelles et culturelles attirent les convoitises. Les vautours ne sont pas loin pour faire ripaille sur le dos du peuple grecs et de son économie mortifère. Mais au delà, de cette évidence, la Grèce ne serait-elle pas le jeu d'une bien plus sordide expérience ?. Celle de supprimer l'argent liquide, d'effacer la souveraineté des pays, de soumettre les peuples au chantage de la dette au profit d'un gouvernement mondial de type orwellien ? A chacun de chercher la réponse.

Cependant laissons à Stelio Kouzeleas du laboratoire de l'espace rurale de Thessalie, amoureux de son pays, nous emporter dans le sourire de sa conclusion « ...mais malgré tout, cette douceur de vivre que nous avons en Grèce, où pourrions nous la trouver ailleurs ? »

 

Florence Corbier

 

 

 

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